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L'ego trop cher de Téléphone
M le magazine du Monde | 19.10.2012 à 12h27 • Mis à jour le 20.10.2012 à 19h10
Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

Un jour de printemps 1999, Jean-Louis Aubert a pris une drôle de décision. C'était le mercredi 26 mai, précisément. Treize ans après l'acte de décès officiel du groupe Téléphone. Celui qui est devenu, en solo, une icône du rock, dont les CD se vendent par centaines de milliers, dépose ce jour-là dans la plus grande discrétion la marque "Téléphone" auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI). Cette initiative, restée secrète jusqu'à aujourd'hui, il l'a prise tout seul. Il a déposé le nom sans mandataire. Sans, surtout, contacter les trois autres membres du groupe. Une manière de s'approprier une histoire, un passé. Et peut-être un avenir. Dans cet acte symbolique, il faut aussi voir l'aveu d'un échec, d'une aventure collective mise en jachère. Pourquoi Téléphone, vingt-six ans après sa disparition, n'a pas réussi à renaître se reformer alors que tout devrait y concourir ?

Car le groupe attise toujours les convoitises et demeure une entreprise rentable, à l'indéniable potentiel : 470 concerts entre 1976 et 1986, 6 millions d'albums vendus, des tubes à foison et une popularité qui ne se dément pas au fil des générations. Quel adolescent ne s'est pas déchaîné sur Ça (c'est vraiment toi), Fait divers ou New York avec toi ? La publicité Malakoff Médéric tourne en boucle à la télé sur l'air d'Un autre monde. Le fonds de catalogue, chez la major EMI, reste une valeur sûre. Sans parler des multiples reprises... Le 3 mars 2009 - le dépôt d'une marque doit être renouvelé tous les dix ans -, Jean-Louis Aubert a réitéré l'opération auprès de l'INPI. On n'est jamais trop prudent. Des fois que le plus grand groupe de l'histoire du rock français se reforme et vienne à garnir les travées du Stade de France...

"C'est un Graal pour tous les producteurs français, assure Jules Frutos, président du Prodiss, un syndicat qui regroupe près de 300 producteurs. Une reformation de Téléphone, c'est une machine à cash garantie. Surtout pour les membres du groupe !" Jean-Louis Aubert, qui sort le 19 novembre un CD live de sa tournée marathon "Roc'Eclair", a finalement refusé de nous répondre. Dans un premier temps, par l'entremise de son attachée de presse, il avait pourtant donné son accord. Avant de tout annuler, en apprenant qu'il risquait d'être questionné sur le groupe qui l'a rendu célèbre. Même embarras chez le guitariste Louis Bertignac, son ex-complice, qui n'a pas donné suite à nos sollicitations. Jusqu'à François Ravard, le manager du groupe, qui a aussi préféré se cantonner au silence, après avoir, un temps, accepté le principe d'une entrevue, au bar du Crillon. Trop pris, officiellement, par les répétitions d'un spectacle en Autriche...

SALE HISTOIRE
A l'évidence, le sujet est plus que sensible. Trop d'affect, d'intérêts, de cadavres dans les placards... Des quatre musiciens de Téléphone, seuls Richard Kolinka, toujours sur les routes en compagnie de Jean-Louis Aubert, et Corine Marienneau, "la fille", ont accepté de se confier. Et encore. La bassiste a demandé à relire ses propos, tandis que le batteur, pourtant disponible et chaleureux, recourait à la bonne vieille langue de bois dès qu'étaient évoquées les dissensions au sein de son ancien groupe. "Moi, je n'ai envie de garder que les bons côtés, je ne veux pas parler du reste, lâche d'emblée Richard Kolinka. Dans une histoire aussi passionnée, il y a forcément eu des tensions. On vivait quand même les uns sur les autres. De toute façon, l'histoire, la marque Téléphone, ça nous appartient à tous." On le coupe pour lui faire observer que précisément, ce n'est pas le cas, puisque Aubert a déposé seul le nom auprès de l'INPI. Il accuse le coup, décontenancé. Après quelques secondes de réflexion, il lâche dans un haussement d'épaules : "Ce n'est pas grave, cela n'a pas d'importance, car c'est sans conséquence." On insiste : il n'avait donc pas été informé de cette initiative. Il corrige, après un instant d'hésitation : "Si, en fait, j'étais au courant. Mais encore une fois, ça n'a aucun intérêt, tout ça." Il ne convainc pas. Et donne envie d'en savoir plus.

C'est une sale histoire en fait, sur fond d'amours transies, d'appétits financiers inassouvis, de rancoeurs refoulées. Téléphone, ils rêvent tous de le reformer. Un Stade de France, ce sont 80 000 places à 70 euros minimum : 5,6 millions d'euros au bas mot. De quoi aiguiser les appétits au sein de l'ex-quatuor. "Argent trop cher, trop grand, la vie n'a pas de prix", s'époumonait pourtant Jean-Louis Aubert. C'était en 1980, autant dire il y a un siècle... Mais réduire Téléphone à de sordides histoires de gros sous serait injuste. Il suffit de revoir le documentaire signé Jean-Marie Périer, Téléphone public, tourné en 1979 pour EMI, pour comprendre l'alchimie magique de ce groupe, devenu l'étendard d'une génération passée sans transition de Giscard à Mitterrand. Une chose est sûre : plus une année ne se passe sans que ne soit évoquée une éventuelle reformation, qui vire à l'Arlésienne. Le 27 juillet 2010, Louis Bertignac déclare dans une interview à Nice-Matin : "On en a parlé avec Jean-Louis et on se disait qu'on serait vraiment cons de mourir sans le faire. Une tournée est envisagée d'ici à 2013. Le temps de la mettre au point." Le 17 septembre 2010, Le Parisien annonce qu'au moins 10 concerts sont programmés pour 2012, dont trois au Stade de France. Réagissant au micro de la radio Le Mouv', Jean-Louis Aubert nuance : "Il y a beaucoup de vrai, mais l'article est faux car ce n'est pas pour 2012." Il précise que "ce qui est vrai, c'est qu'on en a parlé entre nous, que notre manager a pris des contacts avec différents tourneurs pour étudier les propositions, mais c'est tout pour l'instant", en ajoutant que "rien n'est signé".

De fait, ces différents projets avortent. Au coeur de l'affaire, une femme, soigneusement délaissée, juste un peu trop méprisée. Corine Marienneau, ou l'envers du rock. Il faut se souvenir d'elle en concert, de cette énergie qu'elle dégageait, un étrange magnétisme sexuel, un peu androgyne. Le temps a passé, Corine Marienneau a 60 ans. Elle a ses habitudes à La Rotonde Montparnasse, où on la remarque à peine, discrète, pas très rock, à dire vrai. Elle trimballe des tas de souffrances en suspens. Une reformation de Téléphone ? Elle préfère parler d'une "déformation". Derrière le jeu de mots, tant de non-dits... Elle lit la presse, écoute les informations. Elle n'est dupe de rien. Elle a compris que l'aventure pourrait redémarrer, mais sans elle. Elle vit correctement grâce aux chèques de la Sacem, qui tombent tous les trois mois. La publicité Malakoff Médéric lui a permis de tenir ces deux dernières années, avec une grande fille à nourrir. Alors elle a choisi de se battre. Question d'honneur, de passé à défendre.

"Je me sens parfois comme la gardienne du temple, de l'esprit collectif qui a fait la force de ce groupe", clame-t-elle. Elle a pris un avocat, un spécialiste de la propriété industrielle. "Je lui ai conseillé d'arrêter le processus en marche, confirme Me Fabrice Degroote. Téléphone, c'est une société de personnes, avec 25 % chacun. En déposant le nom à l'INPI à titre individuel, Aubert a cassé la logique de groupe. Il n'y a aucune raison qu'un associé se barre avec la marque ! Du coup, j'ai préconisé que Corine dépose à son tour le nom Téléphone." Ce qui est fait dès le 30 septembre 2009. C'est plus symbolique qu'autre chose. Jean-Louis Aubert est bien aujourd'hui l'unique propriétaire de la marque. Mais pour Corine Marienneau, il s'agissait de marquer le coup, pour le principe. Et d'entériner sa volonté de ne plus subir les événements. Dans le métier, on ne l'épargne pas, on la dit vitupérante, agaçante, ingérable. Bruno Delport, directeur de Radio Nova et manager de la bassiste, résume la situation : "Elle s'est fait défoncer, car on ne touche pas à Téléphone. Ils diront d'elle que c'est une chieuse. Mais c'est une femme admirable. Bertignac, il est du genre à soulever le tapis et à mettre la poussière en dessous. Corine, elle, époussette..."

"BONJOUR MADAME"
Dieu sait qu'il y en a, des choses, sous le tapis. Alors Corine Marienneau a pris sa plume. Elle a écrit, à deux reprises, à ses anciens comparses. Une première fois, le 15 décembre 2009. Une simple lettre recommandée, adressée à leurs domiciles respectifs. "Je ne suis pas friande de ce type de courrier, se justifie-t-elle, mais vous n'avez pas répondu à mes derniers mails [...]. En aucun cas, je n'ai accepté de "laisser ma place au sein du groupe" et, au contraire, je serais ravie de la reprendre si une reformation était envisagée [...]. Je suis disponible pour des retrouvailles et pour une reformation éventuelles." Pas la moindre réponse. Elle reprend la plume, le 4 août 2010, après les déclarations des uns et des autres sur une reformation à venir. "Ces dernières semaines, écrit-elle, les rumeurs ont repris de plus belle - dont certaines agrémentées de propos franchement minables -, mais je m'applique à ne pas les retenir [...]. Alors je vous le redis, je suis prête à y aller avec vous, à la faire enfin cette tournée, nous quatre sur scène, nos indéniables différences de points de vue pouvant rester en sommeil afin que ces concerts soient une vraie fête pour le public. Qu'en pensez-vous ?" Silence total, là encore. Richard Kolinka ne conteste pas avoir reçu ces courriers. Quand on lui en parle, il regarde l'heure sur son portable et glisse dans un sourire : "Je n'ai pas envie de répondre à cette question. Ce n'est pas intéressant." On lui rétorque que tout ce qui a trait aux éventuelles retrouvailles de Téléphone passionne le public. "Ça intéresse le public ? Eh bien, tant pis pour le public !", lâche-t-il dans un éclat de rire un peu forcé, qui dissimule mal son embarras. Trop de poussière sous le tapis.

Doucement, Corine Marienneau fait le compte de ses humiliations. Elle a l'extrême lucidité de ceux que l'on a oubliés, relégués dans les souvenirs. Ce 24 janvier 2006, ils sont tous venus se recueillir devant la dépouille d'Olivier Caudron, dit "Olive", vieux compagnon de défonce et de rock, ex-âme du groupe Lili Drop. Jean-Louis Aubert est là, bien sûr, bonnet sur la tête, comme Richard Kolinka et Louis Bertignac. Blessures tues et apaisées, on ne se dispute pas sur la tombe d'un ami. Corine Marienneau a fait le déplacement. Elle se rappelle ce moment où elle croise le regard de Jean-Louis Aubert. Qui lui lance : "Bonjour madame." Et s'en va. Voilà, c'est fini. Ils ne se sont pas revus depuis.

Dix années de folie rock, de complicité, d'amours, de drogues partagées, de mélodies acérées, expédiées avec ce "bonjour madame". Il faut encore citer ce concert de Jean-Louis Aubert au Zénith de Paris. Suprême humiliation, la bassiste voit, à la fin du show, Richard Kolinka et Louis Bertignac rejoindre leur ancien complice sur scène. Elle, au bord de l'escalier, qui a dû mendier un billet en backstage, les regarde passer, attendant un signe qui ne viendra jamais. Bientôt, les trois garçons seront dans la lumière, devant une foule en délire. Pas elle. Là encore, pas un mot n'est échangé. Et il y a eu cet enregistrement de l'émission "Taratata", diffusée sur France 2 en décembre 2006. Richard Kolinka tape sur ses fûts, comme un sourd, Jean-Louis Aubert et Louis Bertignac échangent des sourires complices, reprennent Ça (c'est vraiment toi), devant des spectateurs aux anges. Le bassiste, on ne l'aperçoit qu'à la fin, furtivement, sur un plan de coupe, un grand type aux cheveux bouclés apparemment. Avec Nagui, il est question de reformer Téléphone, on est entre amis, on rigole. "Jamais mon nom n'est prononcé. Un jeune qui ne connaît pas Téléphone ne sait pas que j'en faisais partie", dit Corine Marienneau. Elle parle de procédés staliniens, de trahison...

Effacée de la photo, rayée des listes, disparue des mémoires. Quel crime expie-t-elle ? En 2006, quatre ans après un album solo chez Atmosphériques, resté confidentiel, elle a publié un livre de souvenirs (Le Fil du temps, chez Flammarion, en cours de réédition) qui n'a pas arrangé son cas. Un bel ouvrage, personnel, si personnel. Sans tabou et pudique tout à la fois. "J'ai mis trois ans à l'écrire et ça m'a tenue debout. Avant, en 2002, j'avais fait un album solo, produit par Louis. J'ai eu la sensation d'un boycott. Jusqu'aux patrons de festivals qui appelaient pour me déprogrammer, les télés qui annulaient à la dernière minute." Dans l'Essonne, où elle est censée jouer lors d'un festival, le producteur lui avoue : "Navré, Corine, mais si tu viens, je n'aurai pas Aubert..." Son manager, Bruno Delport, confirme : "Elle a été blacklistée et comme, en plus, elle a son franc-parler..." Les ex de Téléphone n'ont pas aimé son livre. C'est un euphémisme. Richard Kolinka : "Je ne reconnais pas le groupe auquel j'ai appartenu dans ce bouquin. Maintenant, chacun voit les choses comme il veut..." Jean-Louis Aubert, dont elle écorne sérieusement l'image de baladin humaniste, n'a pas pardonné à la bassiste certains passages, en effet plutôt crus. Pour les rockeurs comme les footballeurs, les secrets de vestiaire, c'est sacré. Il est vrai qu'au fil des pages, elle règle ses comptes, rétablit "sa" vérité. Dépeint Aubert en manipulateur mégalo. Crache son venin.

AFFAIRES DE FRIC
Il y a la drogue, surtout l'héroïne, si présente, l'alcool aussi, bien sûr. On comprend à quel point il est compliqué d'être une femme dans cet univers hyper machiste. Ces groupies qu'on consomme et jette comme des mouchoirs en papier. Et puis il y a la passion, avant tout. L'homme de sa vie, Louis Bertignac, qui finira par en préférer d'autres, plus jeunes, et Jean-Louis Aubert, omniprésent, qui la récupère, au sortir d'une tentative de suicide. Qui la séduit, avec sa folle énergie, son charisme démoniaque, son talent fou. Ça ne durera pas. Elle raconte surtout l'argent. Et ça fait mal. Elle se souvient de ce jour de juillet 1978, quand le groupe commence à marcher très fort, deux ans après sa création. Jean-Louis Aubert, assure-t-elle, aurait caché aux autres membres du groupe qu'il avait perçu le premier chèque de la Sacem, 30 000 francs (4 500 euros). Elle date de cet épisode le début de la fin pour Téléphone. Plus rien ne sera comme avant. Les affaires de fric et d'ego n'auraient cessé de gangréner le groupe. Richard Kolinka dément. "Les attaques qu'elle porte sur le fait que Jean-Louis aurait pris tout l'argent, c'est n'importe quoi ! Jean-Louis, au contraire, est plus qu'honnête au niveau du pognon, je peux en témoigner. La prétendue histoire de la Sacem en 1978 ? C'est faux. Le problème de Corine, c'est les histoires d'amour qu'elle a eues avec deux membres du groupe, basta." Dans le livre de Carlos Sancho, Téléphone, ligne perso, paru en 2006 aux éditions Télémaque, le batteur ne disait pas exactement la même chose : "Il était hors de question qu'un de nous roule en Rolls et les autres en 2 CV [...]. Nous avons eu une discussion houleuse [...]. Louis avait certainement envie d'être à la place de Jean-Louis."

Ils finirent bien par s'entendre sur un contrat, enregistré le 3 janvier 1983 à la Sacem. Jean-Louis Aubert s'y taille la part belle. Il est question, dans des termes soigneusement pesés, de reconnaître "une certaine prééminence à Jean-Louis Aubert". Sur la grande majorité des chansons, dont La Bombe humaine, Un peu de ton amour, Dure limite ou Au coeur de la nuit, Jean-Louis Aubert perçoit 40 % des droits d'auteur et de reproduction, les autres membres se contentant de 20 % chacun. Après tout, il est le chanteur principal, la star incontestée du groupe. Et puis il écrit la plupart des paroles, même si Corine Marienneau évoque des emprunts à droite et à gauche. La Bombe humaine ? Tiré d'un livre de D. H. Lawrence, selon elle. Lionel Lumbroso, un proche du groupe, le confirme à sa façon dans Téléphone, ligne perso : "Jean-Louis, c'est un mélange très particulier de sincérité et de roublardise [...]. C'est une éponge qui capte tout ce qui se dit autour de lui [...]. A la longue, ça peut être insupportable pour ceux qui se sentent pompés." Mais un artiste, après tout, n'est-ce pas aussi, parfois, un voleur génial ? Corine Marienneau raconte la fin du groupe, en 1986, actée par Jean-Louis Aubert, à la veille d'un Bercy destiné à être triomphal. Chacun trace sa route. Il y aura bien un Bataclan, le 26 mai 1994, où les quatre Téléphone se reformeront, le temps de quelques morceaux, après un concert de Bertignac. La magie opère toujours. Téléphone, c'est une osmose rock jamais vue en France.

Il n'y aura pas de suite. Mais de multiples tentatives de reformation. La plus aboutie a lieu en 1999. C'est l'agent artistique Bertrand de Labbey, patron de la société Artmedia, qui s'y colle. "On m'avait dit que je me briserais les reins", se souvient-il. Les fax chauffent, les contrats circulent. "Bertignac a un rapport particulier avec l'argent, il est très exigeant, comme Aubert d'ailleurs", raconte l'agent. Une tournée est prévue, au printemps 2000, avec une vingtaine de dates, étalées sur trois semaines. Les garçons se voient une première fois, à la Closerie des Lilas, à Paris. Tombent d'accord. Il faut maintenant impliquer Corine. Beaucoup plus compliqué. Les quatre membres historiques de Téléphone se retrouvent finalement dans un studio, à Boulogne-Billancourt. Sushis, champagne, Beatles en fond sonore, ça discute sec. Aubert a déjà dessiné lui-même un projet d'affiche, où tout le groupe pose en smoking. Pas question pour Corine, qui réclame une robe longue. Premier accroc. La bassiste souhaite également que soit défendu, à l'occasion des concerts, un "manifeste 2 000, pour une culture de la paix et de la non-violence". L'initiative plaît moyennement aux garçons. "C'était très fragile, je les tenais comme des papillons", résume Bertrand de Labbey.

TENTATIVE AVORTÉE
Il fallait s'y attendre, c'est entre Jean-Louis Aubert et Corine Marienneau que cela se passe mal. "Tu n'es pas, tu ne seras jamais mon patron", lance la bassiste au chanteur. Qui hurle : "T'es qui toi pour décider de la liste des morceaux ?", avant de réclamer le final cut sur la tournée. Il aurait même exigé, selon Corine Marienneau, qu'elle signe un papier le désignant comme seul et unique auteur des chansons du groupe. L'affaire dérape, et un beau matin, Jean-Louis Aubert renonce au projet. "De toute façon, Jean-Louis n'a pas besoin de Téléphone, c'est une star absolue. Ce n'était même pas un problème d'argent ou de partage des droits, il restait simplement trop de cicatrices...", pense aujourd'hui Bertrand de Labbey. L'agent n'imagine pas une reformation sans la bassiste. Pourtant, nul doute que le public ferait un triomphe à un Téléphone amputé de la seule Corine. Mais ce ne serait pas très digne. Et pourtant, il en a été question, encore récemment. Un soir de 2010, Bruno Delport, le manager de Corine Marienneau, est invité à dîner chez Louis Bertignac, dont il géra un temps la carrière. François Ravard est aussi présent. La discussion porte rapidement sur Téléphone. "J'ai vite compris qu'il était question d'une reformation, mais sans Corine, raconte Bruno Delport. Je leur ai dit que c'était minable." Au final, il aurait été proposé un dédommagement à hauteur de 200 000 euros, somme que chacun des quatre hommes du groupe, François Ravard compris, s'engagerait à verser, à parts égales, à la bassiste. "Je leur ai dit : "Ecoutez, c'est simple, on va faire comme si vous ne m'aviez rien proposé..."", révèle Bruno Delport. François Ravard, après mûre réflexion, se souvient bien de ce dîner. De simples discussions, selon lui. Richard Kolinka dément l'affaire : "L'histoire des 50 000 euros chacun proposés à Corine, c'est des conneries." La bassiste, elle, n'a rien oublié. D'ailleurs, dans son courrier adressé aux membres du groupe, le 4 août 2010, elle évoque l'anecdote : "Louis, tu as tout récemment convié Bruno à un dîner où - divine surprise ! -, François se trouvait aussi. L'objet de ce dîner était donc bien de faire part de votre intention d'oeuvrer à la reformation de notre groupe, mais... sans moi !"

Quoi qu'il en soit, la tentative avorte une nouvelle fois. Au risque de lasser un public avide de retrouvailles. "Cela se déprécie au fur et à mesure des essais improductifs, confirme le producteur Jules Frutos. Tous les gens du métier s'y sont cassé les dents. Moi-même, j'ai fait partie d'un tour de table, il fallait s'engager sur deux Stade de France au minimum." Richard Kolinka, qui lance un nouveau groupe, Even If, ne veut pas se prononcer. Il sait trop ce qui mine l'entreprise. "Non, il n'y a pas de reformation au programme, car nous avons tourné la page. Et si un jour on refait une tournée, on le dira publiquement, on ne fera pas ça dans un coin. En tout cas, affirmer qu'on ne reforme pas Téléphone à cause de Corine, c'est faux." Pas sûr que son ancienne bassiste en soit convaincue. Elle pense toujours que Louis Bertignac a écrit Cendrillon, l'histoire de la "plus jolie des enfants", juste pour elle. Elle dit s'être "adoucie sur la forme, pas sur le fond", veut bien admettre qu'en 1999, lors de la reformation presque actée, elle était parfois "têtue, vindicative et chiante". "Financièrement, j'aurais eu intérêt à laisser faire une "déformation" du groupe. Ça m'aurait assuré ma retraite ! Mais mes aspirations ne sont pas financières. Dans cette affaire, il y a eu beaucoup de gâchis par une petite surdose de narcissisme, de mégalomanie et d'idolâtrie. Comme souvent..." Elle ne veut pas en dire plus, déchirée entre son envie de laver les affronts qu'elle pense avoir subis et son rêve, toujours intact, de réunir toute la bande sur scène.

Cette année, elle a passé beaucoup de temps à Outreau, dans le Pas-de-Calais, à animer des sessions musicales pour des jeunes en déshérence. "C'est la plus belle chose qui soit arrivée aux enfants, assure Joseph Bako, éducateur social. Elle est venue gracieusement, quatre fois, refusant tout ce qu'on lui proposait comme dédommagement. Tous ceux qu'elle a aidés sont retournés à l'école, depuis son passage." Un autre monde, un autre chapitre, une autre histoire. Cendrillon-Corine a plusieurs vies. Mais comme dans la chanson, ses princes charmants ont foutu le camp. Déjà, dans Téléphone public, avec une moue triste, ses gestes de chat craintif, elle prophétisait : "Je sens que je suis toute seule et que je serai seule toute ma vie."
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